En France, le quinquennat présidentiel fut institué par la loi constitutionnelle du 2 octobre 2000 qui mit un terme au septennat, en vigueur depuis 1873. Nous étions sous le premier mandat de Jacques Chirac. Pourtant, le président Georges Pompidou (1911-1974) avait eu, avant lui, la volonté de réviser la Constitution de 1958 pour réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans. Cela est d'autant plus étonnant de la part de celui qui fut longtemps, et jusqu'en 1965 au moins, le dauphin du général De Gaulle et qui joua en coulisses un rôle important dans l'élaboration de notre Constitution.
Peu de gens croient savoir avec certitude pourquoi Georges Pompidou voulut modifier la durée du mandat présidentiel. En règle générale, cette lubie soudaine est attribuée à une altération mentale causée par la maladie de Waldenström (une forme très rare et plus lente de leucémie, mais tout aussi mortelle) dont Pompidou était atteint, une sinistre coïncidence voulant qu'elle s'attaque, en même temps, au shah d'Iran Reza Pahlavi et à Houari Boumediene, chef de l’État algérien et peut-être au Premier ministre d'Israël Golda Meier.
Dans un message adressé à l'Assemblée Nationale le 3 avril 1974, Pompidou avait déclaré que « le septennat n'est pas adapté aux institutions nouvelles ». Que cela eût été une trahison de la mémoire de De Gaulle, sans doute, puisque le fondateur de la Ve constatait en son temps que raccourcir la durée du mandat présidentiel et le faire coïncider avec celui des députés signifierait le retour au système des partis et la fin progressive de son régime. Quoi qu'il en soit, il est certain que le projet du quinquennat a surgi quand Pompidou a constaté une nette dégradation de son état de santé. Maurice Schumann pense qu'il s'agissait d'une manœuvre de son entourage. En septembre 1973, le projet de loi manqua de peu la majorité des trois cinquièmes nécessaire pour réunir le Congrès à Versailles. Pompidou ajourna le projet.
Pourtant, pour qui a l’œil exercé, il y a en définitive une profonde ironie dans l'affaire. Georges Pompidou voulait le quinquennat probablement parce que, se sachant malade, courbé de fatigue, il en aurait alors profité directement en cas de réélection éventuelle, évitant de remplir un second septennat pour lequel il n'avait plus l'énergie physique suffisante. Mais le sort lui réserva une malice des plus cruelles. Juridiquement, on ne peut nier à Jacques Chirac le fait d'avoir institué le quinquennat présidentiel. Cependant, c'est bien Pompidou qui remplit le premier quinquennat « de facto » de la Ve République. Élu début juin 1969, il meurt d'une septicémie en avril 1974 : ce qui fait bien cinq ans.