J'avais vu ce film à sa sortie au cinéma, courant 2010. J'y allais pour la performance d'Anthony Hopkins, dont le visage singulier et le jeu d'acteur me plaisent beaucoup (ce qui ne diminue en rien le talent des autres acteurs et, particulièrement, d'Emily Blunt, qui s'y promène d'un bout à l'autre avec froideur et sensualité). Je n'avais pu saisir toutes les subtilités du film à l'époque, étant adolescent. L'avoir revisionné chez moi il y a quelques années me l'a fait réévaluer à la hausse, en plus de m'avoir signalé que ce film incorporait, du mois dans son doublage en français, une subtile référence à la fiction du contrat social.
Ce film est un remake du long-métrage original des studios Universal sorti en 1941 : Lawrence Talbot, après avoir appris la mort de son frère, retourne au domaine familial, tenu par son père, Sir John Talbot, pour faire la lumière sur les circonstances du drame, et, mordu par un loup-garou, se retrouve frappé par la lycanthropie. Bientôt, Francis Abberline, inspecteur de police coriace, est missionné par Scotland Yard pour enquêter sur les meurtres qui secouent la bourgade. Un soir de pleine lune, une tenancière de bar lui demande pourquoi il n'est pas à Talbot Hall (la résidence de la famille Talbot), lui déclarant : « Ils sont maudits. Toute la famille ! » Abberline a cette superbe réponse : « Les malédictions ne me donnent pas le droit d'aller me promener de nuit sur les terres de Sir John. Les lois, madame Kirk... ! Elles sont ce qui nous sépare d'un monde où les loups se mangent entre eux, n'est-ce pas ? »
La réplique est une référence assez évidente à Hobbes, d'après lequel l'homme est un loup pour l'homme. Ce dernier ne faisait que reprendre une formule du latin Plaute, quoiqu'il l'emploie dans un sens différent. Et si la pauvre Gwen Conliffe (interprétée par Emily Blunt), tombée amoureuse de Lawrence Talbot, apprend d'une occultiste gitane qu'il n'existe aucun moyen de le guérir de la lycanthropie, c'est que ni l'une ni l'autre n'ont entendu parler de la théorie du contrat social... !

